J'entendis un cri aigu provenant d'un de nos cavaliers à l'arrière de la troupe et jetais un regard par-dessus mon épaule pour essayer de comprendre la raison de ce cri de souffrance. Mais l'homme était loin de moi et ma visibilité était partiellement obscurcie par le reste de la troupe.
Je réussis finalement à entrevoir un homme dont les bras se débattaient dans un effort frénétique pour repousser une petite créature ressemblant à une chauve-souris. La situation grotesque dans laquelle il se trouvait suscita tout d'abord de gros rires chez les autres soldats. C'était un valeureux guerrier partit combattre les dragons qui ne parvenait pas à se défendre contre la créature la plus insignifiante. Ce n'est que lorsqu'il hurla, en se tenant l'oeil, et qu'il tomba lourdement à terre que les rires s'estompèrent.
Je me rendis soudainement compte que l'animal que nous avions pris pour une chauve-souris était en réalité quelque chose de bien plus menaçante et dangereuse. Les dragonnets sont à l'univers des dragons, ce que les piranhas sont au monde sous-marin : très agressifs et extrêmement puissant pour leur taille. Je n'en avais vu qu'une seule fois auparavant mais cette expérience m'avait montré à quel point ces petites bêtes pouvaient être mortelles, attaquant leurs victimes avec une férocité sans mesure dans une frénésie de coup de dents et de griffes. Certain ne son pas plus gros qu'une main d'homme mais lorsqu'ils attaquent en essaim, comme c'est souvent le cas, nulle créature n'est assez grosse ni assez puissante pour résister à leur attaque violente.
(...) Mon regard tomba rapidement sur un nuage noir tourbillonnant un peu plus loin dans le canyon et lorsque je compris qu'il s'approchait de nous, cette vision cauchemardesque me prit aux tripes. Le nuage de déplaçait lentement au début, grossissait puis diminuait comme une invasion de sauterelles en vol. Une partie de l'essaim s'écartait du reste, de temps en temps, donnant l'impression d'une énorme créature difforme, ce qui, dans uns sens, était le cas. Quelques instants plus tard, l'horrible cacophonie de ces cris stridents parvint à nos oreilles, amplifiée par l'écho des gigantesques falaises qui barraient notre retraite.
(...) L'essaim était presque au-dessus de nous et les cris avaient atteint un tel degré d'intensité que beaucoup de soldats s'étaient littéralement jetés à terre en se bouchant les oreilles. (...) Alors que l'essaim de trouvait juste derrière moi, je fis un grand mouvement dans l'air avec mon bâton, décrivant un arc englobant toute l'armée. Je prononçai quelques paroles que je connaissais depuis de longues années, une incantation qui donnait au globe sacré de mon bâton, le pouvoir de créer un bouclier protecteur invisible, peu solide et pas très stable mais de taille considérable.
(...) Quelques hommes ne purent réfréner un mouvement de recul lorsque, l'une après l'autre, les créatures virent rebondir contre le bouclier invisible ou s'écraser tout droit dans un craquement ignoble.
(...) La plus grosse menace était à présent les quelques dragonnets emprisonnés à l'intérieur du bouclier protecteur ; la plupart étaient arrivés là avant que je n'aie pu former la protection. (...) J'en comptai à peu près six au total et il ne faisait aucun doute que, se sentant prisonniers, ils allaient essayer d'infliger un maximum de blessures à ceux qui les retenaient captifs. En plus de ses dents pointues et de ses griffes capables de déchirer le cuir, le dragonnet est doté d'une autre arme extraordinaire. Comme le scorpion, qui est de sa famille, il a une queue maniable avec un dard mortel. Lorsqu'il blesse un homme avec son dard, celui-ci est paralysé pendant quelques minutes et succombe à d'atroces douleurs dans les heures qui suivent. Je ne connais aucun remède à ce mal et ma magie est impuissante à extraire ce venin des veines de la victime une fois qu'elle a été touchée.
Comme le bouclier de dissipait peu à peu et que ces dernières bêtes démoniques reprenaient leur envol, une d'entre elles, qui était blessée à l'aile et ne pouvait plus voler s'agrippa aux cheveux d'un cavalier qui était juste à côté de moi. Dans un cri de défi elle enfonça son dard dans la nuque de l'homme avant de se laisser choir sur le sol. Un soldat le cloua au sol avec son glaive et lui écrasa le crâne sous son talon mais c'était trop tard, le mal était fait. Le cavalier blessé s'était déjà affaissé sur l'encolure de son cheval et râlait odieusement.
Dans l'ivresse de la victoire et heureux d'être sains et sauf, certains soldats qui n'avaient pas assisté à la dernière scène se mirent à applaudir et à crier de joie.(...)